Le Château

L'histoire du Château

Du simple manoir fortifié au château fort de la guerre de Cent ans, du château résidentiel renaissant à la Ferme des tours, le château de Blandy-les-Tours a connu une longue histoire et a été la propriété de familles prestigieuses.
Restauré par le Conseil Départemental de Seine-et-Marne, ce château, rare témoin de l’architecture militaire médiéval en Île-de-France, engage désormais un dialogue permanent entre patrimoine et création artistique contemporaine.

Avant le château

Le territoire de Blandy a été occupé bien avant la construction du château. Les fouilles archéologiques menées sur le site ont permis d’identifier plusieurs nécropoles. Entre l’église Saint Maurice, toujours présente dans le village, et un édifice religieux, une centaine de tombes mérovingiennes et carolingiennes ont été retrouvées. Elles sont datées du VIème au Xème siècle. Autour du chevet de l’édifice religieux se trouvait un cimetière prénatal, daté quant à lui du Xème au XIIIème siècle. 

Une place forte au XIIIe siècle

Les vicomtes Guillaume II et Adam III de Melun, descendants directs d'Adam II, compagnon d'armes de Philippe Auguste à Bouvines, seraient les bâtisseurs de la première enceinte du manoir de Blandy, dès 1220.

Cette enceinte primitive, encore présente au nord, suit un tracé semi-circulaire doté de 4 tours : la Tour carrée (tour-porte), une petite tour cylindrique, la Tour de justice et une tour maîtresse carrée implantée dans l'axe de la tour-porte. Des logis sont implantés le long de l'enceinte, à l'est. Un fossé soulignait l'ensemble.

Le comté de Melun appartient au domaine royal. Une telle place forte est donc l'expression du pouvoir royal, mais occupe aussi une position stratégique pour la surveillance d'une frontière partagée avec l'impétueux comte de Champagne.

Le château fort (XIVe-XVe siècles)

À partir de 1316, les vicomtes de Melun s'allient aux comtes de Tancarville. De nouveaux aménagements puis plusieurs campagnes de construction font évoluer la vieille enceinte vers le château fort que nous connaissons aujourd'hui.

Une porte fortifiée, avec pont levis à flèches, vient renforcer l'enceinte du XIIIème siècle. Un corps de logis est construit dans la cour. Son mur arrière plonge dans le fossé initial, se substituant à l'ancienne courtine. D'autres travaux (milieu du XIVème siècle et 1371-1387) permettent l'extension de l'enceinte et le renforcement des défenses.

De nouvelles courtines et trois grosses tours sont édifiées au sud. L'ancienne courtine, au nord, est surélevée et renforcée. Le nouveau Donjon, tour maîtresse du dispositif, possède une tour escalier (porte et herse en place) et une tour latrines. Le cinquième niveau correspond au chemin de ronde, ceinturé d'un parapet sur mâchicoulis. La Tour des gardes (avec chemin de ronde ceinturé d'un parapet) et la Tour des archives (avec tour latrines) sont un peu moins hautes. Selon la volonté des comtes de Tancarville, Blandy est devenu un lieu de défense mais aussi de résidence au seuil de la guerre de Cent Ans.

Le château résidentiel (XVIe-XVIIe siècle)

Pendant deux siècles et demi après la guerre de Cent Ans, le château appartient aux plus illustres familles du royaume : ses propriétaires sont alliés aux familles d'Orléans-Longueville, de Bourbon-Soissons, de Savoie, de Nemours.

La résidence est aménagée au goût de l'époque : galerie, jeu de paume, aménagements de confort, décoration des logis, jardin d'agrément. Mais le tracé de l'enceinte n'évolue pas de façon significative.

La Ferme des Tours (1707-1883)

Le XVIIIe siècle marque un tournant majeur dans l’histoire de Blandy cristallisé autour d’un personnage : le maréchal Claude-Louis-Hector de Villars (1652-1734). Ce dernier, élevé au rang de duc en 1705 et devant acquérir des terres pour légitimer l’accès à son nouveau rang, achète à l’héritier de la Duchesse de Nemours le comté de Melun et la seigneurie de Blandy.

Son nouveau titre est alors attaché aux terres de Vaux-le-Vicomte, dont il acquiert le château la même année. Dés 1707, le Maréchal transforme le château de Blandy en une simple ferme agricole. De nombreux bâtiments intérieures sont modifiés ou simplement détruits pour satisfaire à cette nouvelle fonction. Aussi, il fait retirer les toitures des tours du château, éventrer la porte d’entrée et combler le fossé.

L’édifice sera petit à petit abandonné et ses fortes détériorations vont le conduire dans un état de ruine avancée. Néanmoins, ce changement radical de fonction a permis de sauvegarder l’édifice pendant l’épisode révolutionnaire. À l’inverse de nombreux biens aristocratiques, le château n’est pas vendu comme bien national et démantelé tant sa silhouette et sa vocation sont dépourvus de tout signe de féodalité.

De la ruine au monument historique (1883 à aujourd'hui)

Au milieu du XIXe siècle, les ruines du château suscitent l’intérêt des érudits locaux. En 1883, le comte Choiseul-Praslin accepte de vendre le château à la commune. Six ans plus tard, il est classé au titre des Monuments historiques. Mais le château atteint très rapidement un état de ruine critique. Ce n’est qu’en 1986 qu’un projet de restauration est élaboré. Son rachat au franc symbolique par le Conseil Départemental de Seine-et-Marne en 1992 va permettre sa concrétisation menée par Jacques Moulin, architecte en chef des Monuments historiques.

- "De manière à respecter les principales étapes historiques du monument, le projet de restauration rassemblait plusieurs objectifs différents. Le premier d’entre eux consistait à dégager et à remettre en état les structures médiévales de l’enceinte. […] Cependant, pour ne pas réduire le château à des dispositions médiévales dont beaucoup restaient incertaines, les toitures des tours et les fossés ont été restitués dans l’état où ils pouvaient l’être à la fin du 16ème siècle. […] En dernier lieu, les parapets du chemin de ronde qui n’étaient pas connus avec exactitude ont été conservés dans un état semi-ruiné, rappelant le souvenir des 250 ans d’abandon que le château avait connus. "

Jacques Moulin, Architecte en chef des Monuments historiques

Depuis son inauguration en 2007, de nombreux visiteurs gravissent les marches du Donjon, arpentent le chemin de ronde des courtines, admirent les innombrables teintes de lumières qui se réfléchissent sur les remparts.

Chaque année, le château est investi par des artistes venus du monde entier et les convie à dialoguer avec ce patrimoine.Performance chorégraphique et théâtrale, arts de la rue, musique ou cirque se succèdent d’avril à octobre et font de Blandy une forteresse tournée vers l’avenir.