Flash info
Fermeture anticipée du château à 16h30 le 2 et 3 mai 2025
En raison de l'expérience immersive Fida Muris, le château fermera exceptionnellement ses portes à 16h30 le vendredi 2 et le samedi 3 mai 2025.
Le Château
Les latrines du château de Blandy datent toutes, sauf une, de la phase d’agrandissement du château, soit de la deuxième moitié du XIVe siècle. On en dénombre neuf, situées dans les tours et dans les logis et leurs occupations sont échelonnées du XIVe siècle au XVIIe siècle. Les latrines sont les toilettes.
Un petit bâtiment rectangulaire était installé dans le talus de l’escarpe, contre le mur de courtine, derrière les latrines du bailli, dont le comblement date du XVIIe siècle. Il n’est raccordé à aucun bâtiment, si bien qu’on ne peut pas affirmer que c’est une fosse de latrines. Mais son remplissage (sédiments, céramiques, verres, etc.) tend à faire penser qu’il en avait bien l’usage.
Une dizième latrine est située dans la salle basse de la tour de Justice (« cul de basse-fosse ») et se déverse directement dans le fossé par une conduite maçonnée. Ce n’est donc pas une latrine sur fosse. Elle est datée du XIIIe siècle comme la tour. C’est la seule appartenant à la période du manoir.
Ces latrines appartiennent à la catégorie des latrines sur fosse qui se développe à partir du XIVe siècle. L’exemple le plus connu de château francilien en possédant est le donjon du château de Vincennes.
Dans ce système, les latrines occupent une colonne ou une tour où chaque étage possède un siège et une conduite qui se déverse ensuite, par une seule conduite collectrice, dans une fosse réceptacle en sous-sol de la tour ou du bâtiment. Cette conduite unique est visible dans le cône de déjection qu'elle laisse dans la fosse. Au contraire de la fosse de Vincennes qui comporte plusieurs conduites.
Cette fosse est maçonnée, comme une cave, voûtée, mais son sol ne l’est pas et laisse filtrer les substances liquides. Cela permet d’assécher les matières fécales, qui se transforment en poudre et diminuent en volume.
Entre la voûte de la fosse et le mur arrière du bâtiment ou l’un des murs de la tour, un espace parallèle au mur, d’une largeur de 0,60 m laisse la place pour l’installation du ou des sièges. Des carreaux de grès disposés régulièrement, forment l’ossature sur lequel des coffres en bois devaient former les sièges.
Chaque fosse de latrines est différente des autres.
A leur première fonction de toilettes, l’usage en ajoute une seconde, celle de dépotoir. En effet, sont retrouvés dans les fosses au milieu des sédiments, des objets manufacturés, des gravats, des restes d’assiette, des animaux entiers, etc… Cette seconde fonction de poubelle a permis de connaître beaucoup d’aspects de la vie du château et de ses habitants.
Les spécialistes, carpologue, palynologue, archéozoologue, ont vérifié que les rejets analysés provenaient bien d’excréments des latrines. Les graines, conservées sous forme minéralisée, imbibée ou carbonisée, sont bien caractéristiques de ces milieux. Certains restes consommés portent des preuves qu’ils ont été ingérés (pépins de fruits, os de poissons portant la trace de mastication et les atteintes des sucs gastriques). La présence de parasites humains, mis en évidence par le parasitologue, ne fait que renforcer ces résultats (œufs d’ascaris et de trichocéphales).
Ces fosses contenaient de la vaisselle, terre cuite, verre, des objets en métal, des objets en bois, etc…, des éléments de construction. Ils ont permis de connaître la vaisselle de table et de cuisine en terre cuite, métal et verre, les objets du quotidien (couteaux, clés, ferrures…), les éléments de construction utilisés dans le château comme les carreaux de pavement, tuiles, abat-vent, moellons en pierre ou en plâtre, fragments de l’entablement d’une cheminée, la vitrerie, le décor du château et également l’harnachement du cheval (éperon, fer à cheval, étrier, pommeau d’épée, boucle de harnais).
Les latrines pouvaient être curées lorsqu’elles étaient pleines. Des ouvriers étaient préposés à cette fonction, « maître des basses œuvres ». Dans la fosse des latrines du Donjon, un massif permettait cet usage. Le vidangeur s’y tenait debout et pouvait ainsi retirer avec un seau les matières. Dans les latrines 2 de la salle de l’Auditoire, dont le remplissage datait de la fin du XVe siècle-début XVIe siècle, une fine couche avait été laissée sur le fond, qui contenait un verre à pied du XIVe siècle.
Auteurs
Marie-Claire COSTE,
médiateur du Patrimoine,
Château de Blandy.