Flash info
Fermeture anticipée du château à 16h30 le 2 et 3 mai 2025
En raison de l'expérience immersive Fida Muris, le château fermera exceptionnellement ses portes à 16h30 le vendredi 2 et le samedi 3 mai 2025.
Le Château
Quelques exemples de cuisines monumentales ont été observés dans des châteaux. Elles sont datées des XIIIe au XVe siècle, ainsi au château de Montreuil-Bellay (Maine-et-Loire) ou au palais des ducs de Dijon (Côte d’Or) ou fouillées comme au château de Château-Thierry (Aisne). Il s’agit de cuisines à plan centré, dont la surface avoisine les 81 m2 pour Montreuil-Bellay, 160 m2 pour Château-Thierry et 144 m2 pour les cuisines ducales de Dijon. Ce sont des pièces voûtées dans lesquelles prend place une cheminée centrale carrée entourée de piliers ou d’une colonnade. Le centre de la voûte laisse échapper les fumées à Montreuil-Bellay et à Château-Thierry.
Mentionnée au XVIIe siècle, la cuisine a pu être installée au rez-de-chaussée du logis seigneurial depuis la deuxième moitié du XIVe siècle, date de la construction de ce logis. La pièce mesurait 9,75 m de long sur 7,80 m de large (d’après le texte de 1688) et 6 m selon les fouilles archéologiques, soit 5 toises sur 4 toises et un pied.
La fouille pratiquée n’a pas permis de confirmer cette utilisation, peu de traces en subsistaient. Le texte mentionne la présence de deux cheminées que nous n’avons pas retrouvées.
Un seul aménagement y a été fouillé. Il s’agit d’un orifice de 0,85 m sur 0,35 m de côté et de 0,50 m de hauteur, le long du mur oriental du logis. L’orifice rectangulaire est bordé, sur le côté occidental, de pierres de grès formant un demi-cercle. Deux trous de poteaux carrés enduits au plâtre, de 0,10 m de côté, y prennent place et sont distants de 0,40 m. Cet aménagement pourrait peut-être être un évier, dans la mesure où une canalisation située à proximité dirigeait les eaux vers les fossés.
A côté de la cuisine, est mentionnée une salle du commun (article n° 21) de 13,75 m (sept toises) de long sur 8,12 m (quatre toises un pied) de large. Il peut s’agir d’une salle dans laquelle on pouvait prendre les repas.
Une canalisation est construite en pierres de grès légèrement creusée en son milieu. Elle est bordée de deux pierres de grès et recouverte d’une dalle plate, formant ainsi une conduite étanche. Cette canalisation, observée à son départ de la cuisine (cf plan ), se poursuivait jusqu’au mur de courtine. Elle servait sans doute à évacuer les eaux sales de la cuisine vers l’extérieur du château.
Quant à l’eau propre nécessaire à la cuisine, elle pouvait provenir de l’un des deux puits les plus proches : au centre de la cour et près du Donjon, ou encore, au XVIe siècle, amenée par des tuyaux en plomb.
Un escalier monumental droit, situé dans l’angle oriental de la cuisine, desservait deux caves, où l’on conservait sans doute des denrées alimentaires.
Un garde-manger, pièce carrée, est indiqué dans l’inventaire des pièces du château en 1688, article n° 22, à l’opposé de la cuisine. Il était situé derrière la tour Longueville, tour qui abritait un autre escalier permettant de desservir les chambres de l’étage du logis.
Antérieurement, la cuisine pouvait trouver place à un ou plusieurs autres endroits. Les cuisines des châteaux sont souvent situées dans des bâtiments isolés des logis, par crainte du feu.
Les fouilles ont mis au jour un espace qui, par ses vestiges et ses structures, pourrait avoir été celui de cuisines. Cet espace est situé à l’emplacement du logis du bailli, contre la courtine sud-ouest. La présence d'une cuisine, dans un bâtiment en pan de bois, dès les XIIe-XIIIe siècles, peut être proposée.
Des trous de poteaux indiquent en effet une architecture en bois faite de poteaux reliés par des cloisons en argile et surmontés de plafonds faits de poutres de bois. Un négatif de sablière basse et des fragments de planches, associées à du torchis, font penser à une architecture de pan de bois.
Les sols retrouvés sont composés de terre très noire, dans laquelle les charbons de bois ont donné la couleur. Ils proviennent des cendres des foyers installés à même le sol. Ces foyers, formant une cuvette, ont rubéfié l'argile du sol. Les foyers sont au nombre de quatre dans un premier niveau et d'un seul dans un sol plus récent.
Les foyers ont été utilisés à des fins culinaires, par la quantité importante de céramique retrouvée : un pot à fond lenticulaire datant du XIIe s. a d'ailleurs été cassé sur place, car il est presque complet.
La cuisine des XIIe-XIIIe siècle peut être mise en relation avec la salle de l’Auditoire, dans laquelle se tenaient les repas festifs. A partir du XIVe siècle, la cuisine est transférée dans le logis seigneurial.
Deux autres logis ont des cuisines indépendantes.
Dans les cuisines, de nombreuses céramiques peuvent être retrouvées, car elles ont été utilisées pour les préparations de repas et la cuisson des mets. On peut y ajouter les ustensiles utilisés pour la fabrication des fromages, terrines, etc...
A Blandy, les premières cuisines ont livré beaucoup de céramiques, oules et cruches à pâte blanche et à décor flammulé des XIIe-XIIIe siècles. Une lèchefrite du XIVe siècle a été retrouvée dans un puits. Dans les cuisines des XVe-XVIe siècles, des coquemars étaient les pots à cuire dans la cheminée. Des tèles à lait et des faisselles sont utilisées pour la fabrication du fromage. On utilise aussi des poêlons en terre cuite glaçurée.
On n'a pas retrouvé de vaisselle métallique, chaudrons, poêles, ni d’éléments de cheminées : anneaux, crochets, pinces, chenets, trépieds, crémaillères à dents, tisonniers, pinces, pelles à feu, grils, etc… On n’y a pas retrouvé non plus de déchets alimentaires (ossements d’animaux, coques ou noyaux de fruits) : ceux-ci étaient certainement jetés dans les fossés ou les latrines, qui servaient de dépotoir.
Auteur
Marie-Claire Coste
Médiateur du Patrimoine
Château de Blandy-les-Tours
Bibliographie